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La force d'un paysage ne laisse pas de m'étonner.
Il y a peu, à la montagne, face aux Gastlosen suisses, j'ai pu ressentir une impression de profonde quiétude.
Comme si l'immense immobilité de la montagne apaisait mon agitation intérieure.
J'aurais dû peut-être, comme les enfants, ramener avec moi un petit caillou dans ma poche qui,
comme un talisman, m'aurait permis de conserver un peu de moi et de celui que je fus, là-bas.
Quelle étrange façon de voyager que de rechercher ailleurs la présence du même.
Je pense à ces mornes touristes qui arpentent toute la journée les rues d'une ville inconnue,
allant mécaniquement de boutique en boutique.
Ils « visitent » les même H&M et les mêmes Promod que ceux qu'ils trouvent chez eux.
Il arrive que certains de ces voyageurs échangent un regard gêné, après s'être croisés
à plusieurs reprises dans de tristes boutiques.
Ils se reconnaissent parfois à la caisse ou peut-être dans les cabines d'essayage,
et la vérité nue de leur voyage immobile leur fait alors baisser les yeux
dans les allées tristes de leur pèlerinage mercantile.
L'insomnie est une mauvaise compagne. Elle vous abandonne au petit matin blême, hébété et fatigué.
Puis, sur le chemin de ronde du jour qui vient, il nous reste à veiller qu'elle ne nous retrouve pas.
Je connais un dilemme étrange.
Je m'y retrouve quand je suis tiraillé entre l'envie de faire plaisir et la peur de déranger.
Il m'apparait malheureusement que c'est là le plus parfait résumé de mon désir.
Premier jour de vacances.
Prendre le temps, enfin.
Accueillir mon fils rentrant de la fac et lui préparer un repas.
Gratin de pâtes au chou romanesco et mozzarella fondu.
Plaisir simple de faire plaisir, lentement dans la douce chaleur du foyer.
Pouvoir être père, encore et prendre soin de lui, prendre soin de nous.
Et puis c'est le départ, lui vers un appartement à visiter, moi vers une expo à Malakoff.
Nous nous retrouverons ce soir et, une fois encore, nous aurons beaucoup à nous dire.