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  • Les liens

    Les liens se font et se défont

    Certains se coupent d'autres s'arrachent

    Mais tous nous tissent un bout de nous

     

    Des lambeaux de vie se dessinent alors

    Dans la trame de nos désirs et le pli de nos colères

    C'est ainsi que des fils de soi parsèment nos pas

     

    Attachés à ceux qui peuplent notre vie

    Ils font de nous selon les jours

    Une broderie étoilée ou une pelote de macramé

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  • Je suis las de la frontière

     

    Corps et âmes séparés

    Je suis las de la frontière

     

    Celle qui fait de nous de si petites choses

    Incapables de partager une grande joie ou une profonde peine

    Celle qui enferme dans trop d'étroites solitudes

     

    Je rêve

    Je rêve de corps qui se serrent et qui nous consolent

    Je rêve de mots qui s'échangent et qui nous transforment

    Je rêve de regards bienveillants jusqu'aux racines du mal

     

    Je suis las de la frontière

    Qui nous prive de changer le plomb de la vie en or

     

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  • Petite gloire

    Parfois, pas souvent mais parfois, je cède. Comme hier.

    Je cède à la certitude et à ses impostures. Je parade et je pérore bêtement.

    Après coup, je ressens alors de la honte, pareille je crois, à celle qui suit la petite gloire d'un tricheur.

     

     

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  • Père et fils

    Au restaurant, le père écoute le fils et le contemple.

    C'est ma vie face à moi, se dit-il. Toute ma vie contenue dans ces paroles échangées. Toute ma vie dans ce moment adossé à nos années passées. Il se voit en lui comme au premier jour de sa naissance, comme au premier regard, les yeux dans les yeux, dans le blanc médical de la salle de travail.

    Dans le bruit des conversations et de la vaisselle il faut parler fort pour s'entendre, mais malgré cela ils parlent et ils s'écoutent. Le père se souvient, et la vie s'épaissit.

    Toi qui pense bien mieux que moi, dit le père, dis-moi ce qu'est le temps.

    Le fils se réjouit et lui dit : le temps c'est ce qui dure, le temps c'est la vie en nous.

    Et le père lui sourit.

     

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  • Saïd

    Vendredi soir dans le bar du coin de la rue, je bois une Leffe. Un homme est là, c'est Saïd, il parle fort et à tout le monde. Junhino, le maçon alcoolique, s'installe à côté de moi mais change de place rapidement, Saïd l'emmerde. Du coup Saïd et moi nous retrouvons côte-à-côte. Moi aussi je changerais bien de place, mais à ma droite ils sont serrés les uns contre les autres et à ma gauche, derrière Saïd, il y a de la place mais il y a surtout l'autre con, une espèce de vieux dégueulasse qui ne parle que du tarif des prostituées.

    Et moi, j'aimerai bien finir ma Leffe tranquille.

    Alors Saïd me parle. Comme d'habitude il énonce un flot de paroles incohérentes, en riant fort et en cherchant l'assentiment des autres, en l'occurrence de moi. Puis, sa Superbock à la main, il me regarde dans les yeux et me dit : « Tu sais le secret c'est de faire la différence entre la réalité et le théâtre. » Je le regarde à mon tour et je lui dis « tu sais, ça me plaît ce que tu viens de dire ». Mais, il est parti ailleurs, il ne s'en souvient déjà plus. Tant pis, nous n'échangerons pas nos vues sur la vérité du théâtre et le théâtre de la vérité, ni sur la réalité, ni sur quoi que soit. Je finis ma Leffe et je pars en me demandant si Saïd a déjà lu Bertold Brecht ...

     

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