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Stagire - Page 5

  • Mauvaise humeur

     Allez savoir pourquoi, il y a des jours, on est de mauvais poil. Les choses et les êtres plient sous la mauvaise humeur. On râle, on crie, on trépigne et cela dure jusqu'au soir.

    Finalement, fatigué, harassé, on s'aperçoit bêtement que c'est de nous même que nous plions.

    Nous laissons notre humeur soumise à un triste saut, un triste saut raté, celui du saut du lit ... qui de notre pied droit, qui de notre pied gauche, et l'on se subit toute la sainte journée … Allez savoir pourquoi.

     

     

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  • Réunion

    Des femmes et des hommes, la plupart sont vieux, quelques uns sont jeunes.

    Les tables installées forment un carré permettant aux uns et aux autres de se voir.

    C'est une réunion politique. La candidate rencontre ses troupes, une vingtaine de personnes prêtes à tracter sur les marchés et à faire du porte à porte.

    Tout y est si ordinaire. Cela manque de quelque chose. ça manque de corps, ça manque d'esprit, ça manque d'élan.

    La candidate a la voix qui tremble, et nous l'écoutons patiemment. Après qu'elle a terminé, le suppléant complète le tableau. Certains se lèvent pour se resservir du vin... Et je comprends tout à coup, riant tout bas, que comme moi, ils resteront là tant qu'il y aura à boire.

     

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  • S'il-te-plaît sois heureuse

     

    On est là ensemble, on fume une clope.
    Ça va pas fort en ce moment.
    Tu t'effondres. Larmes et sanglots.
    Et c'est le froid qui tombe.

    Tes yeux dévastés dévoilent les peines profondes d'une vie de femme.
    Je devine la tempête et j'ai peur du naufrage.
    Je voudrais tellement prendre un peu de ta peine mais je sais que c'est vain.
    La souffrance est solitude, et les grandes souffrances de grandes solitudes.
    Je t'ai prise dans mes bras, un petit bref instant.
    Un geste dérisoire.

    C'était ma main tendue vers ton chagrin à toi, un chagrin loin de moi, je sais.
    Mais j'avais ma peine, une peine de toi, en te voyant si mal.
    S'il-te-plaît, sois heureuse.
    Qu'on se retrouve ensemble, à fumer une clope, douce comme un sourire tranquille.

     

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  • Dans le froid de l'hiver

     

    La journée s'étire comme une plainte

    Depuis le matin froid

    Jusqu'au franchissement des grilles

    Dans la nuit gelée


    Les rares passants engoncés dans le froid de l'hiver

    Marchent vite pour aller je n'sais où


    Je marche aussi

    Vers le bar du quartier

    Me réchauffer de l'intérieur

    Mais voilà je m'arrête en chemin

    J'ai déjà dépensé tout l'argent que j'avais

    Il me reste juste de quoi

    M'acheter un timbre ou deux

    Mais j' n'ai rien à écrire

    Mon âme est trop froide et mes doigts sont trop gourds


    Et me voilà aussi marchant je ne sais où

    La nuit sera longue

    Engoncé dans le froid de l'hiver

     

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  • La présence d'une femme

    Quand il la voit venir avec ses jolies formes

    L'homme s'ajuste, conforme à ce qu'il croit être,

    Le juste ton et la bonne attitude,

    Et le regard aussi, le regard comme il faut.



    La présence de la femme

    Imprime sa marque

    Jusque dans l'idée qu'il se fait de lui-même.

    C'est son désir qui lui donne sa forme.



    Un désir subit,

    Subitement ressenti

    Et qui en un instant le fait changer de mine.



    Mais une fois seul,

    Que lui restera t-il

    De ses poses qu'il s'impose ?

    Que restera t-il de lui

    Quand elle sera partie ?

     

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