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Rites et traditions

Les Basques ont leur féria, les Gascons leurs feux de la Saint-Jean, les Écossais leurs Highlands Games et les Bavarois ont leur « Heimatabend », ce qui pourrait se traduire par « soirée traditionnelle ».

Ces fêtes ont en commun d'abord de s'accompagner d'une grande consommation d'alcool, de mettre à l'honneur les orchestres folkloriques et aussi de proposer aux jeunes garçons des épreuves rituelles pour éprouver leur courage et leur vaillance.

Ainsi, des deux bords des Pyrénées on se mesurera aux vaches lâchées dans les rues de la ville, au Sud de la Garonne il faudra franchir des feux incandescents et le Highlander lancera des troncs pour montrer sa force.

Le Bavarois cousine un peu avec le Celte, parce que durant le Heimatabend il sera aussi fait usage de troncs d'arbres pour montrer sa force. Mais, contrairement à ce qui se fait dans les Highlands le Bavarois ne lance pas le tronc d'arbre mais il le scie. Ils se mettent à deux de part et d'autre d'une longue scie et chaque paire d'hommes s'échine à scier le tronc en un minimum de temps.

Après que des hommes ont fait montre de leur force et de leur technique, c'est autour de jeunes garçons de 13 ans de s'affronter autour du redoutable tronc. Le public lève sa pinte ou son verre de schnaps bien haut et les encourage. Puis, une fois l'épreuve réussie, les garçons quittent l'estrade sous les applaudissements, qui semblent les adouber en faisant d'eux, non plus des enfants mais de jeunes hommes.

Pour le touriste de passage, que je suis ici, la soirée apporte suffisamment de pittoresque pour avoir le sentiment de vivre un moment authentiquement bavarois. Et, pour le citadin que je suis en général, ces traditions ont quelque chose de charmant voire de nostalgique qui a trait avec les idées d'identité, de racines, de fraternité et de convivialité. Mais, cet espère de rite de passage vers l'âge d'homme qui s'est déroulé sous mes yeux m'a troublé par son archaïsme et sa vacuité. Bien sûr, on n'est plus ici dans le rite véritable mais dans sa mise en scène pour en faire un spectacle. Mais, ce moment où les garçons scient leur tronc est tout de même le point d'orgue de la Heimatabend, cela montre, malgré son archaïsme évident, l'importance qu'il revêt encore. C'est en m'interrogeant sur cette question du rite que je me suis mis à observer plus en détail ces hommes, ces femmes et ces enfant vêtus d'habits traditionnels (un short en cuir et à bretelles avec un chapeau à plumeau pour les hommes et une robe corsetée avec un tablier pour les femmes), et battant la mesure sur des marches répétitives à quatre temps. Alors, je n'ai pu m'empêcher de me demander si, l'anonymat et l'uniformité des grandes villes, n'était pas finalement un mal pour un bien …

 

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