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Journal

  • Petite gloire

    Parfois, pas souvent mais parfois, je cède. Comme hier.

    Je cède à la certitude et à ses impostures. Je parade et je pérore bêtement.

    Après coup, je ressens alors de la honte, pareille je crois, à celle qui suit la petite gloire d'un tricheur.

     

     

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  • Père et fils

    Au restaurant, le père écoute le fils et le contemple.

    C'est ma vie face à moi, se dit-il. Toute ma vie contenue dans ces paroles échangées. Toute ma vie dans ce moment adossé à nos années passées. Il se voit en lui comme au premier jour de sa naissance, comme au premier regard, les yeux dans les yeux, dans le blanc médical de la salle de travail.

    Dans le bruit des conversations et de la vaisselle il faut parler fort pour s'entendre, mais malgré cela ils parlent et ils s'écoutent. Le père se souvient, et la vie s'épaissit.

    Toi qui pense bien mieux que moi, dit le père, dis-moi ce qu'est le temps.

    Le fils se réjouit et lui dit : le temps c'est ce qui dure, le temps c'est la vie en nous.

    Et le père lui sourit.

     

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  • Saïd

    Vendredi soir dans le bar du coin de la rue, je bois une Leffe. Un homme est là, c'est Saïd, il parle fort et à tout le monde. Junhino, le maçon alcoolique, s'installe à côté de moi mais change de place rapidement, Saïd l'emmerde. Du coup Saïd et moi nous retrouvons côte-à-côte. Moi aussi je changerais bien de place, mais à ma droite ils sont serrés les uns contre les autres et à ma gauche, derrière Saïd, il y a de la place mais il y a surtout l'autre con, une espèce de vieux dégueulasse qui ne parle que du tarif des prostituées.

    Et moi, j'aimerai bien finir ma Leffe tranquille.

    Alors Saïd me parle. Comme d'habitude il énonce un flot de paroles incohérentes, en riant fort et en cherchant l'assentiment des autres, en l'occurrence de moi. Puis, sa Superbock à la main, il me regarde dans les yeux et me dit : « Tu sais le secret c'est de faire la différence entre la réalité et le théâtre. » Je le regarde à mon tour et je lui dis « tu sais, ça me plaît ce que tu viens de dire ». Mais, il est parti ailleurs, il ne s'en souvient déjà plus. Tant pis, nous n'échangerons pas nos vues sur la vérité du théâtre et le théâtre de la vérité, ni sur la réalité, ni sur quoi que soit. Je finis ma Leffe et je pars en me demandant si Saïd a déjà lu Bertold Brecht ...

     

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  • La gueule de cendre

    Hier j'ai trop fumé, j'ai trop bu bien sûr, mais j'ai trop fumé.

    Malgré la fatigue des excès de la nuit, malgré mon estomac qui brûle et qui se tord, je n'ai pas la gueule de bois, non je n'ai pas la gueule de bois. J'ai autre chose, j'ai la gueule de cendre.

    Celle qui prend la bouche, le palais, la langue, celle qui vous donne la sensation d'avoir bouffé un cendrier pendant la nuit.

    Ce matin j'ai la gueule de cendre et il n'y pas d'aspirine contre ça.

     

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  • La clope de l'après

     

    La journée fut passée au jardin. Tondre, tailler, démousser, ratisser, balayer, heureusement sous un ciel bleu et une chaleur digne d'un mois de juillet.

    Tout cela, pour finalement trouver un grand plaisir à fumer une clope, à l'ombre sur les marches, après avoir fini.

    Ce n'était pas la première. J'avais fait de nombreuses pauses pour boire un peu et aussi fumer. Mais, celle-là, la clope de l'après n'était pas comme les autres, elle était meilleure. D'où vient donc le plaisir de la clope de l'après ? Que ce soit celle que l'on fume après un bon repas, après l'amour, après une journée de travail ou après quelques heures d'efforts au jardin, celle de l'après est toujours différente, toujours si particulière.

    Elle compose un moment qui n'est là peut-être que pour savourer la durée du temps qui passe. Une fois éteinte, ce moment sera déjà du passé, mais tant que je fume cette petite quantité de tabac, la durée s'étoffe et prend corps dans la fumée que je souffle. La petite clope de l'après, c'est le plaisir précieux du plaisir qui dure, encore un peu ...

     

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