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Stagire - Page 2

  • Impressions irlandaises 2

    Après m'être couché tôt du fait de la fatigue du voyage, je me réveille tôt avec l'impression d'être un homme neuf. Telle est, décidément, la magie des voyages.

  • Impressions irlandaises 1

    Dans un avion j'ai toujours l'impression que ça peut mal se passer. D'ailleurs le cérémonial des consignes de sécurité ne fait rien pour me rassurer.

  • Rites et traditions

    Les Basques ont leur féria, les Gascons leurs feux de la Saint-Jean, les Écossais leurs Highlands Games et les Bavarois ont leur « Heimatabend », ce qui pourrait se traduire par « soirée traditionnelle ».

    Ces fêtes ont en commun d'abord de s'accompagner d'une grande consommation d'alcool, de mettre à l'honneur les orchestres folkloriques et aussi de proposer aux jeunes garçons des épreuves rituelles pour éprouver leur courage et leur vaillance.

    Ainsi, des deux bords des Pyrénées on se mesurera aux vaches lâchées dans les rues de la ville, au Sud de la Garonne il faudra franchir des feux incandescents et le Highlander lancera des troncs pour montrer sa force.

    Le Bavarois cousine un peu avec le Celte, parce que durant le Heimatabend il sera aussi fait usage de troncs d'arbres pour montrer sa force. Mais, contrairement à ce qui se fait dans les Highlands le Bavarois ne lance pas le tronc d'arbre mais il le scie. Ils se mettent à deux de part et d'autre d'une longue scie et chaque paire d'hommes s'échine à scier le tronc en un minimum de temps.

    Après que des hommes ont fait montre de leur force et de leur technique, c'est autour de jeunes garçons de 13 ans de s'affronter autour du redoutable tronc. Le public lève sa pinte ou son verre de schnaps bien haut et les encourage. Puis, une fois l'épreuve réussie, les garçons quittent l'estrade sous les applaudissements, qui semblent les adouber en faisant d'eux, non plus des enfants mais de jeunes hommes.

    Pour le touriste de passage, que je suis ici, la soirée apporte suffisamment de pittoresque pour avoir le sentiment de vivre un moment authentiquement bavarois. Et, pour le citadin que je suis en général, ces traditions ont quelque chose de charmant voire de nostalgique qui a trait avec les idées d'identité, de racines, de fraternité et de convivialité. Mais, cet espère de rite de passage vers l'âge d'homme qui s'est déroulé sous mes yeux m'a troublé par son archaïsme et sa vacuité. Bien sûr, on n'est plus ici dans le rite véritable mais dans sa mise en scène pour en faire un spectacle. Mais, ce moment où les garçons scient leur tronc est tout de même le point d'orgue de la Heimatabend, cela montre, malgré son archaïsme évident, l'importance qu'il revêt encore. C'est en m'interrogeant sur cette question du rite que je me suis mis à observer plus en détail ces hommes, ces femmes et ces enfant vêtus d'habits traditionnels (un short en cuir et à bretelles avec un chapeau à plumeau pour les hommes et une robe corsetée avec un tablier pour les femmes), et battant la mesure sur des marches répétitives à quatre temps. Alors, je n'ai pu m'empêcher de me demander si, l'anonymat et l'uniformité des grandes villes, n'était pas finalement un mal pour un bien …

     

  • Panorama

    La montagne, cela va sans dire, offre de la hauteur. A certains endroits, elle domine les étendues tapies aux alentours et installe le regard de celui qui s'y trouve face à ce qu'on appelle un panorama. Le panorama ne laisse pas de plaire. Souvent pour qu'on en profite, certaines personnes soucieuses de ces regards de passage, installent à demeure une table d'orientation ou, comble de prévoyance, un banc.

    Mais, il faut le dire : tous les vastes paysages ne sont pas des panoramas. Au sens strict, il implique que l'on soit posté sur un point surélevé, c'est là une condition nécessaire, c'est pourquoi la montagne, par ses hauteurs avantageuses, est si généreuse en la matière ( toutefois un gratte-ciel peut tout aussi bien faire l'affaire, bien qu'il soit peu commun dans la Forêt Noire ). L'autre condition, tout aussi nécessaire, est que le paysage qui se trouve alors à portée de vue soit le plus vaste possible, plus précisément, le panorama implique que le paysage soit panoramique, forcément. De là on comprend mieux pourquoi l'altitude lui est si favorable ...

    Ces précisions faites, on voit bien qu'il y a des panoramas et des faux-semblants. Autant le savoir.

    A présent que l'on peut s'accorder sur ce qu'est le panorama, demandons-nous pourquoi il est si plaisant.

    Je me souviens de celui qui se découvre en haut de la Dune du Pyla (mer devant et forêt derrière et vice-versa et réciproquement), de celui au sommet du Crêt de la Neige ( avec le Lac Léman, le plateau de Geix et la chaine du Montblanc), de celui de la Tour Eiffel ou de celui des toits de la Basilique Saint-Pierre, et malgré leur diversité de paysages, tous ont en commun de plaire au point que quitter ces endroits nécessite de s'arracher de leur contemplation. Dans cet état presque hypnotique, nous nous trouvons bel et bien dans un état de fascination et c'est cela qui nous pousse à regarder encore et encore. Ainsi, la beauté d'un panorama ne plaît pas, elle fascine, et elle fascine parce qu'elle exerce un attrait irrésistible et quasiment paralysant que l'on ne peut quitter qu'à regret.

    Qu'y a-t-il donc de fascinant dans la beauté d'un panorama ? Cela provient certainement du fait que la contemplation de ce type de paysage nous installe au milieu d'horizons si vastes que notre rapport à l'espace change de dimension. Pour nous en convaincre, souvenons-nous d'abord de ce que nous ressentons lorsqu'il nous faut le quitter des yeux et l'abandonner. On se souvient qu'à chaque fois que l'on se détache de ce genre de spectacle, on sent bien qu'il nous faut en payer le prix, rompre le charme en regardant ailleurs, généralement nos pieds, puisque le panorama est tout le reste autour de nous. En quelque sorte, pour s'arracher à ce type de contemplation il faut accepter de redescendre sur le plancher des vaches, accepter de quitter le point de vue des sommets et des hauteurs où l'immensité est dévoilée sous nos yeux et accepter de redevenir le voisin de palier de tous ceux qui peuplent nos horizons bouchés (fourmis, cloporte, etc. seule peut-être la girafe échappe-t-elle à cette catégorie). La beauté des panoramas nous fascine donc parce qu'elle nous permet d’accéder à un supplément de nous même qui n'existe que lorsque notre regard embrasse des horizons immenses, elle nous fascine parce qu'elle nous permet de saisir un au-delà de notre horizon si petit en nous montrant toutes les beautés que nous sommes capables de contempler d'un seul regard.

    Finalement, en quittant ces paysages, on ne les abandonne pas, c'est une part de soi-même qu'on abandonne, celle qui accède à ces immensités. Et je crois qu'on le sent plus ou moins confusément lorsqu'on leurs tourne le dos, en soupirant.

  • A l'ombre des ombrelles

    Il y a une permanence et une répétition dans tous les sites touristiques du monde, c'est la promenade des ombrelles servant d'abri aux touristes chinoises. Par leur présence, elles attestent – comme un poinçon le ferait d'un bijou – de la qualité touristique de l'endroit où l'on se trouve.

    Souvent, à l'ombre de ces ombrelles se trouvent une élégante femme en robe longue. Elle chemine accompagnée de deux ou trois de ses amies et ensemble, elles semblent se ravir de tout ce qu'il y a de typique et de pittoresque autour d'elles. Ce ravissement est une chose charmante à voir. Dans leurs façons de faire, si éloignées de nos habitudes occidentales, elles ont mille petites manières qui pourraient passer à nos yeux par une forme d'ingénuité. Mais, au contraire, j'ai l'impression que leur enthousiasme pour ces multitudes de détails qui les font s'écrier puis s'arrêter pour se prendre en photo les unes et les autres chacune à leur tour, est une forme d'enthousiasme étrangement emprunt de sérieux.

    C'est certainement ce qui les rend si remarquables à mes yeux c'est, qu'au long des chemins sur lesquels je les croise, elles semblent rire et s'amuser avec une profonde réserve des choses que les autres ne remarquent pas.

    Parfois il arrive qu'elles ne portent pas d'ombrelle et lui préfèrent alors un large chapeau mais cela n'a aucune espèce d'importance.