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Ombrie, voyage intérieur : les musées climatisés

Quand il fait chaud, que l’on sort de table après avoir bien mangé, que les rues sont désertes, la chaleur accablante et les églises fermées, il ne reste plus que les musées pour se mettre au frais.

C’est d’une admirable efficacité. Dès l’entrée dans le musée, la climatisation apporte un soulagement immédiat. La présence des œuvres d’art est tout d’abord assez lointaine, elles se situent dans un arrière-plan indistinct, repoussées dans les limbes de l’insignifiance. Mon corps occupe dans ces moments de fortes chaleurs tout l’espace et toute la durée que ma pensée peut  embrasser. C’est pourquoi, pendant les premiers instants qui suivent mon entrée dans le musée climatisé, mes perceptions sont entièrement réduites à la douceur et au réconfort de l’air frais qui m’enveloppe. Ensuite, après que le corps a retrouvé un peu de bien-être, de ce bien-être si particulier qui naît après le soulagement, je me souviens qu’il y  a des « choses à voir ».

Alors, je me mets en marche. Les œuvres s’égrainent au fil de la promenade. Dans ces endroits, on n’est jamais à l’abri de faire une rencontre. Mais, on n’est jamais à l’abri non plus de s’y ennuyer. Il m’est déjà arrivé de traverser un musée  avec un triste désintérêt, voire même un ennui proche du dépit amoureux. Passer de salle en salle, regarder les œuvres exposées comme autant de mots vides de sens. S’arrêter, chercher mais ne rencontrer nulle œuvre qui vive en soi.  C’est toujours une expérience décevante, même quand la climatisation assure le confort de la température. Mais, ces rendez-vous manqués sont parfois rattrapés in extremis, par un évènement qu’on n’attendait plus. J’ai gardé un souvenir très vif de ces endroits où s’est produit ce genre de rencontres.  Et en Ombrie c’est une nature morte de Botero qui m’a sorti un jour de ma torpeur.

C’était à Spoleto, dans le Palazzo dei Ducchi. Il y avait là une nature morte. L’équilibre de la composition de cette petite sculpture m’a tellement ravi que j’ai n’ai pu m’empêcher d’en faire et refaire le tour, comme hypnotisé.  Inexplicablement, cette œuvre de plâtre blanc a fait remonter en moi ce que j’avais ressenti devant les toiles de Veermer,  il y a quelques années. Une expérience intime et profonde de douceur et d’équilibre.

Dans le musée imaginaire que j’ai forgé au cours de mes rendez-vous manqués ou réussis dans les musées, il y aura dorénavant cette nature morte de Botero. Par une étrange alchimie, je sais qu’à partir de maintenant, quand je voudrais la faire remonter à la surface de ma conscience, il me faudra descendre à l’étage des peintres flamands, et mettre en marche la climatisation.

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