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L'automobile - Carnet de voyage en Allemagne

L'automobile est un mot désuet, un peu comme l'est le mot bicyclette, pour celui-ci on dira plutôt «  je prends mon vélo » et pour celui-là « je prends ma voiture », mais pour autant que suranné soit ce mot, il reste encore dans l'usage. Parfois, on le rencontre tronqué et ramené à son seul préfixe, on dira alors par métonymie « le mondial de l'auto ». C'est comme si l'objet se caractérisait, dans ce cas, essentiellement par sa dimension d'automaticité, et que celle de la mobilité n'était finalement que portion congrue, au point que l'énoncé même de cette idée soit tout à fait inutile. Une auto, voilà le mot.

Mais ainsi réduit, le mot manque la chose car à l'heure des trajets à grandes vitesses, que ce soit en train ou en avion, le voyage en voiture n'a plus rien de ce caractère « automatique » qui suggère l'absence de la main de l'homme - et encore moins « d'autonome » même si il est probable qu'on y viendra un jour à « l'automobile autonome » - … .

Mais aujourd'hui, le voyage en voiture nous demande du temps, de la vigilance, de la fatigue … bien plus que pour un trajet en avion, qui dans sa rapidité même anéantit le voyage pour le remplacer par le vilain mot de transit, qui nous mène d'un point vers un autre dans l'unicité du paysage qu'offre le ciel.

Alors, qu'au volant de sa voiture, c'est autre chose. Le paysage se déroule au fil des heures qui passent, l'espace change peu à peu et nous conduit doucement vers l'ailleurs. Selon les hasards de la géographie, on peut même traverser des frontières, ces endroits si curieux où d'un bord à l'autre de la ligne les lois, les langues et les dieux changent.

En voiture, la frontière se traverse et le paysage s'incarne, et il vous faut une journée entière pour parcourir un petit bout de carte. Il me semble donc, que par rapport à ce qu'offre les autres moyens de transport de notre siècle, il nous faudrait rebaptiser notre automobile par un nom évoquant mieux ses caractéristiques relatives, j'aimerais assez que l'on remplace ce mot décidément et finalement tout à fait suranné par un nouveau nom, j'aimerai assez celui de « moderatomobile ».

Ainsi, on partirait en voyage dans sa moderato, et parfois, à l'ombre de certaines montagnes on pourrait même se trouver perdu, sans réseau, et déplier, sur le capot brûlant de sa moderato, une carte routière avant que la nuit ne tombe.

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